Sensibiliser à la santé environnementale de la primaire au lycée
Pour enseigner aux jeunes les comportements à adopter afin d’être et de rester en bonne santé
Pourquoi ?
La gravité de l’épidémie actuelle du Covid-19 est particulièrement accentuée par la présence simultanée d’une autre épidémie, celle des maladies chroniques. Cette dernière est notamment causée par l’exposition aux perturbateurs endocriniens1, l’augmentation de la pollution de l’air2, les régimes alimentaires ultra-transformés3, le stress4, l’utilisation abusive des écrans5 ou encore par les troubles du sommeil6. Les risques engendrés par ces expositions sont peu connus des citoyen.ne.s qui n’ont donc pas la capacité de s’en prémunir. D’après une étude menée par Santé Publique France, 39,2% des Européens ont des connaissances insuffisantes ou limitées au sujet de la santé7.
Par son caractère universaliste et égalitaire, l’école doit devenir un vecteur clé de transmission des connaissances en santé environnementale pour tous nos adolescents. La période de développement péri-pubertaire est une fenêtre de vulnérabilité particulière. En effet, elle inclut la maturation des systèmes hormonaux-reproducteurs, immunitaires, sanguins et surrénaliens, des changements dans le métabolisme ainsi que dans la structure et la fonction cérébrale. Actuellement, la sensibilisation sur le thème de la santé est structurée autour de trois axes8 : l’éducation à la santé (intégrée dans les programmes scolaires), la prévention (interventions ad hoc d’associations), et la protection9. Ainsi, la mise en place de prévention sur des thèmes clés est laissée à la discrétion des établissements scolaires. L’enseignement des enjeux de santé n’est pas homogène sur le territoire. Une sensibilisation intégrée dans les programmes scolaires est pourtant primordiale pour permettre aux jeunes de connaître les comportements à adopter pour être et rester en bonne santé. Cette mesure sera peu coûteuse10 (coûts de formation et de matériel uniquement) par rapport aux bénéfices engendrés (réductions du coût des maladies chroniques qui s’élevait à 84 milliards d’euros en 201711). À long terme, cette mesure permettrait d’enrayer la courbe exponentielle des maladies chroniques et de diminuer le risque mortel de futures pandémies virales.
Comment ?
- Introduire dans les programmes scolaires une formation à la santé environnementale dès la rentrée 2022. Cette mesure serait prise en charge par le ministère de l’Éducation nationale qui devra saisir le Conseil Supérieur des Programmes pour permettre l’intégration de différents objectifs pédagogiques sur les thématiques suivantes : le sommeil, la santé mentale, les écrans, les perturbateurs endocriniens et la pollution atmosphérique (voir détails des objectifs pédagogiques par cycle et par thématique dans le tableau à télécharger).
- Intégrer ces enseignements de façon continue et graduelle12 avec un objectif pédagogique pour chaque fin de cycle :
– Fin du cycle 3 (6e) : être sensibilisé aux bonnes habitudes et savoir reconnaître les comportements nocifs.
– Fin du cycle 4 (3e) : connaître les mécanismes nécessaires au bon fonctionnement du corps et de l’organisme et prendre conscience du lien entre les expositions environnementales et les effets pathologiques engendrés.
– Fin du lycée (voies générales, technologiques, et professionnelles) : être autonome dans la réduction de ses expositions environnementales nocives grâce à une compréhension scientifique approfondie. - Intégrer les objectifs pédagogiques au programme existant dans les thématiques relatives à la santé et au bien- être et dans les cas où cela ne peut s’intégrer, créer de nouveaux chapitres dans les enseignements suivants : SVT, Enseignement Scientifique, Physique-Chimie, Éducation Civique et Morale, Histoire-Géographie, Biotechnologie, etc. L’efficacité de ce programme pourra être évaluée tous les 3 ans.
Sources
(1) Nalbone, G., Cicolella, A. & Laot-Cabon, S. (2013). Perturbateurs endocriniens et maladies métaboliques : un défi majeur en santé publique. Santé Publique, vol. 25(1), 45-49, 2013.
(2) OCDE. (2014). The Cost of Air Pollution: Health Impacts of Road Transport. Éditions OCDE.
URL : https://doi.org/10.1787/9789264210448-en
(3) De Lestrade T., Gilman S. (2020). Un Monde obèse. Arte Frande et Nilaya Production
(4) Klein T.W. (1993). Stress and infections. J Fla Med Assoc.;80(6):409-11.
(5) De Lestrade T., Gilman S. (2017). Demain, tous crétins ? Arte France et Yuzu Production