COP26 : Le bilan

La Conférence des Parties (COP), sommet de la lutte contre le changement climatique, réunit chaque année les dirigeant.e.s du monde entier. La 26ème édition s’est tenue du 31 octobre au 13 novembre à Glasgow et après 2 semaines de débats, les 196 pays réunis ont trouvé un accord.

Les enjeux de cette COP26 : 

  • Honorer l’Accord de Paris (issu de la COP21) qui vise à limiter la hausse de la température à +1,5°C d’ici 2100, en présentant des contributions déterminées au niveau national (NDC) plus ambitieuses pour le climat ;
  • Rendre opérationnel les règles d’application de l’Accord de Paris comme l’article 6 et les marchés carbone (mécanismes d’échanges de réduction des émissions entre pays) ;
  • Agir urgemment dès la décennie 2020-2030, afin de limiter les effets néfastes prévus dans le dernier rapport du GIEC, dont la première partie est sortie il y a 3 mois ;
  • Mobiliser des ressources financières suffisantes pour les pays en développement et les plus impactés par le réchauffement climatique, de la part des pays développés et responsables historiques du réchauffement en cours : 100 milliards de dollars par an ont été promis entre 2020 et 2025.

Quelques avancées …

150 pays ont rehaussé leurs ambitions en matière de lutte contre le changement climatique et ont proposé de nouvelles avancées, souvent en marge de la COP dans le cadre d’engagements de groupes de pays. Parmi elles : 

1 – La fin du financement public des énergies fossiles à l’étranger dès 2022 : une trentaine de pays et institutions se sont engagés à ne plus financer de projets d’énergies fossiles à l’étranger dès 2022, mais uniquement lorsqu’ils ne présentent pas de techniques de capture du carbone. Une douzaine de pays, dont la France, ont souscrit dans la même lignée à l’alliance « Beyond Oil & Gas », initiée par le Danemark et le Costa Rica pour accélérer l’abandon progressif de la production de combustibles fossiles en fixant une échéance non fixée pour le moment.

2 – Une coalition contre la déforestation : Plus de 100 pays dont le Brésil, le Canada, la France ou encore la Russie se sont engagés à mettre fin à la déforestation d’ici 2030.  Les pays signataires de cet engagement abritent 85% des forêts du monde, dont la forêt amazonienne.  

3 – La réduction des émissions de méthane : Après le CO2, le méthane est le deuxième gaz à effet de serre lié à l’activité humaine. Une centaine de pays se sont mis d’accord sur le “pacte global pour le méthane” qui prévoit une réduction d’au moins 30% de leurs émissions de méthane d’ici 2030 par rapport à 2020. Il s’agit du tout premier accord de ce type et il a été signé par l’UE, les États Unis ou encore le Japon, entre autres, mais pas par la Russie, la Chine et l’Inde, les trois plus gros émetteurs de ce gaz à effet de serre.

4 – L’abandon du charbon, d’ici 2040 : Environ 40 pays ont signé la “Déclaration mondiale sur la transition du charbon à l’énergie propre” qui consiste à arrêter de financer de nouvelles centrales charbon et à accélérer le déploiement des énergies renouvelables. Quelques-uns des plus gros consommateurs mondiaux sont d’ailleurs signataires : le Canada, l’Ukraine, le Chili ou encore la Pologne.

… et beaucoup de déceptions

Mais ces nouvelles annonces cachent bien des déceptions. Par exemple : 

  • Dans le cadre de la coalition sur l’abandon du charbon, les plus gros consommateurs manquent à l’appel : les États Unis, la Chine, L’Inde, le Japon ou encore l’Australie. 
  • Certains pays figurant parmi les premiers émetteurs de méthane, comme la Chine, la Russie et l’Inde, n’ont pas signé le “pacte global pour le méthane”.

La question d’aide financière aux pays les plus pauvres pour réduire leurs émissions et faire face aux conséquences du dérèglement climatique n’a pas non plus été résolue, ce qui rend l’atteinte des 100 milliards de dollars par an très incertaine… Et la demande d’un fonds spécial de réparation des pertes et dommages a été refusée.

Bien que l’accord de Glasgow appelle les États à accélérer leurs efforts et relever leurs engagements de réduction dès 2022, il offre la possibilité d’aménagements pour des “circonstances nationales particulières”. Les annonces d’objectifs “net zéro” de long terme sans stratégie réelle et le manque d’actions concrètes dès cette décennie montrent qu’il reste beaucoup à faire.

Initialement prévu pour vendredi 12, le texte final n’a pas vu le jour avant le samedi 13 novembre tant les dirigeant.e.s avaient du mal à trouver un accord. 

Et alors que le projet de texte visait d’abord à “accélérer la sortie du charbon et des subventions aux énergies fossiles”, le texte a été modifié dans les dernières minutes sous la pression de la Chine, l’Inde et l’Arabie Saoudite. Le mot “sortie” a été remplacé par “réduction”. Notons tout de même que c’est la première fois qu’un texte issu d’une COP mentionne les énergies fossiles, bien que très timidement.

Les larmes aux yeux, Alok Sharma (le président de cette conférence sur le climat) s’est lui-même dit “profondément désolé” de la version finale de l’accord de Glasgow.

Un bilan insuffisant

Malgré ces nouveaux engagements, l’accord de Glasgow est bien en-deçà des attentes et de l’urgence climatique ! Même si l’objectif de limiter la hausse de la température à 1,5°C est maintenu, les moyens pour y parvenir sont insuffisants. À ce jour, les engagements pris lors de cette COP dessinent une trajectoire probable à +2,4 degrés en 2100, sans certitude sur leur atteinte tant les moyens mobilisés aujourd’hui sont insuffisants.

Des objectifs trop lointains, un manque d’engagement de la part des pays riches et grands pollueurs, une solidarité Nord-Sud insuffisante, une réduction de l’ambition du texte en dernière minute… D’après Greenpeace, cette COP26 représente “un petit pas pour les négociateurs et un rendez-vous raté pour l’humanité”.

Et ce n’est pas tout ! D’après une étude réalisée par Greenly, le bilan carbone de cette COP26 représente 87 741 tonnes d’équivalent CO2, soit l’empreinte carbone annuelle de près de 8000 Français !

97% de ces émissions sont liées à l’aviation et en particulier aux 400 jets privés empruntés par des dirigeant.e.s personnalités pour se rendre à Glasgow…

Et ensuite ?

Les pays viendront présenter leur NDC lors de la prochaine COP, en 2022.

Néanmoins, on ne peut pas tout attendre des COP, c’est aussi aux gouvernements nationaux d’avancer concrètement sur l’action climatique et la transition écologique dans leurs pays pour ensuite porter ses avancées sur la scène mondiale. D’où l’intérêt que Déclic continue ses actions auprès des décideur.euse.s français.e.s et européen.ne.s, qui se doivent d’être exemplaires !

A noter, pour la première fois dans une COP, la France, et l’Union européenne, ont paru perdre le leadership de la gouvernance climatique internationale, alors que les Etats-Unis ont voulu revenir au premier plan de la scène climatique internationale au même titre que la Chine avec une déclaration commune dont la concrétisation sera scrutée avec attention.

Les prochains RDV climat : 

  • COP15 pour la biodiversité en janvier en Suisse puis en avril en Chine
  • Publication 2 rapports du Giec en février et mars 2022
  • COP27 en Égypte : novembre 2022

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